vendredi, juin 08, 2007

Bon de commande 627 A-S

Menuisier,

Une lettre qui ne fera pas trop de dégâts, une lettre de commande…


Voilà je t’ai parlé de l’intervention en librairie où je demande à une dizaine de personnes de proposer une forme d’art là où les murs et les sols - place habituelle de l’art - sont déjà occupés par les rayonnages et les tables de livres (je t’envoie les textes du projet).

Le projet se passe très bien (on ne voit rien) et en avril un des intervenants, Simon, a proposé de mettre au carré ma proposition : il demande à une vingtaine de personnes de choisir un auteur et d’investir les livres de cet auteur disponibles à la librairie comme espace d’exposition. Là où je proposais de travailler avec les livres, entre les livres, sur les livres, dans les espaces possibles, Simon propose de travailler dans l’œuvre d’un auteur. Ce qui est au carré c’est de remettre une proposition d’ampleur équivalente (voire supérieure : deux fois plus de personnes avec un impératif de plusieurs livres – selon le stock - par personne) à l’intérieur de la proposition d’origine.
Un peu comme de la levure.

Comme auteur, j’ai choisi Paul Valery et j’explique pourquoi dans ma réponse à l’invitation de Simon :



Paul Valery, auteur de choix

Paul Valery est une coopérative de propositions à laquelle se fournit pas mal de monde. Mon père citait assez souvent "le plus beau des arts est celui de construire" avant de devoir aller reposer des cuisines. Roland Barthes - le plus récent dans mes lectures - et un paquet d’autres le citent : Il est très cité.
De plus, nous partageons avec Paul Valery un goût pour la poïétique.
Pour comprendre la qualité de cette source j’ai décidé de me rapprocher de Paul Valery, j’ai demandé à la librairie - qui est un peu mon catalogue, c’est ici que je repère, à l’Atelier – ce qu’ils avaient en Paul Valery. Quasi rien, un poche de poésie…

À ce moment, Simon met Saisine au carré en proposant à qui le souhaite – via le blog RÉÉCRITURE ET DÉRANGEMENT – de choisir un auteur puis d’investir les livres de cet auteur comme espace d’exposition, avec possibilité de faire rentrer les livres manquant via le procédé de la commande : je choisis Paul Valery.
Pendant ce temps n’arrivant à rien tirer de VARIÉTÉS 1&2, livre de Paul Valery - que la FNAC m’a encore cédé moyennant un geste simple - je passe à la librairie pour dire bonjour, voir comment se passe le nouvel investissement au carré de la librairie et contrôler le nouveau stock de Paul Valery. Toujours ce livre de poésie et rien d’autre.

Voilà que Paul Valery dessine pour moi une sorte de choix assez nouveau, qui n’est pas exactement le choix par défaut, mais un choix qui commence dans un engouement relatif pour se finir sans réussite ni déception. Une procuration sans objet, une rencontre n’ayant pas lieu : Le choix Paul Valery.



Comme tu peux t’en apercevoir, je ne mets pas longtemps à te citer comme caution de mon choix et aussi, ce choix, je ne sais pas trop quoi en faire…

Je laisse passer le temps puis au cours d’un échange avec Catherine Schwartz je lui fais part de ce désarroi. Pour elle, dont le souvenir de notre entreprise familiale est encore assez vif, la réponse se trouve assez tôt dans le texte : elle me suggère de poser une cuisine.

Je trouve ça impeccable, je pense aux travaux, me demande comment annoncer à George-Marc (le taulier) que finalement le projet va commencer à faire un peu de bruit et de poussière, puis me rappelle mes engagements (et les tiens : tu grattes) et me dit que dans un premier temps, le plus sage (les artistes sont sages tu sais) c’est de te demander de concevoir sur plan la cuisine de Paul Valery.

Tu lui ferais comment sa cuisine à celui qui dit que le plus beau des arts est celui de construire ?

Merci Catherine,
Merci Papa,
Merci Paul.

Si ça peut t’aider : la librairie s’appelle L’Atelier.